un avenir accessible pour tous

Accessibilité pour toutes et tous. L'ascenseur est en panne, on prend les escaliers. Tous solidaires
Accessibilité pour toutes et tous. L'ascenseur est en panne, on prend les escaliers. Tous solidaires

Camillus Lucilio suo salutem (Camille salue son cher Lucilius),

Ravi d’avoir reçu ta lettre. Je suis content que la pluie sois au rendez-vous sur le pays, la saison sera bonne. Ravi aussi que ton troupeau se porte bien. J’ai vu la photo des nouveaux agneaux ils sont magnifiques!

De mon côté ici à Paris, le hasard a voulu que je sois confronté ces dernières semaines à deux sujets simultanés liés à « l’inclusion ». Est-ce pour toi, comme pour moi, un sujet somme toute parfois abstrait?

Pourtant, c’est « un concept qui définit la notion d’égalité de participation des individus dans une société ». Au coeur donc du fonctionnement de la société française de par son histoire, ses valeurs, sa devise, et sa Constitution.

J’ai donc été plongé dans des univers dans lesquels les personnes doivent particulièrement et souvent incroyablement se battre. On le doit tous, n’est-ce pas? Mais attend la suite.

Le premier groupe de personnes était composé de personnes handicapées et à mobilité réduite. Nous avons passé une grosse demie-journée tous ensemble à réfléchir aux axes d’amélioration dans leurs déplacements. Je n’avais pas vraiment pris conscience jusque là de la nature et de la mesure des difficultés qu’ils affrontent au quotidien!

Au fur et à mesure des discussions, ils se sont nommés eux-mêmes « aventuriers du quotidien ». Tu n’imagines pas ce que prendre un transport à l’heure peut vouloir dire dans l’organisation et les démarches d’une personne en fauteuil roulant! Tout prend plus de temps: se préparer et s’habiller le matin, prendre les transports jusqu’au lieu de départ, arriver avec plus d’avance pour pouvoir être pris en compte de façon spécifique… Pour un départ à 9h cela peut impliquer un réveil à 5h du matin! Et c’est comme ça pour tout. Et c’est sans compter une panne d’ascenseur, des travaux qui rendent impossible un passage, des détours obligatoires…

Et puis il y a toute la problématique du regard des autres que doivent parfois subir les personnes handicapées. Elles peuvent être blessées lorsqu’on s’adresse à la personne qui les accompagne et pas à elles mêmes. Ou lorsqu’on les réduit en les dénommant par leur handicap. Ou pire, lorsqu’on les moque…

ça m’a permis de me remettre à jour sur tout un ensemble de sujets liés à leur situation et de rentrer en empathie. Et comme tu t’en doutes j’en suis ravi mon cher Lucilius.

Le deuxième groupe était des jeunes d’une école qui les aide à leur insertion sociale et professionnelle dans le département de Seine-Saint-Denis. Eux aussi sont des aventuriers du quotidien!

Tu n’imagines pas leur énergie, leur volonté de s’en sortir, de découvrir de nouvelles choses, d’apprendre… Et leurs personnalités, tellement loin des clichés souvent colportés. Des jeunes vraiment motivés, gentils et polis, avec des valeurs : oui Lucilius.

Eux aussi sont sur des chemins semés d’embûches: souvent d’origine étrangère ils « doivent s’intégrer » ce qui est souvent abstrait. Le travail, les stages, l’école leur montre le chemin et ce projet d’alpinisme dont je t’ai parlé les emmène découvrir un autre environnement, prendre confiance en eux, manger de nouvelles choses… Le regard des autres posé sur eux est aussi parfois une souffrance. Mais je crois que les choses avancent, en tous cas je vois beaucoup d’espoir dans leurs regards, bien plus que de peur et de résignation!

Voilà mon cher Lucilius, c’est bon je pense de « prendre une dose de rappel » au plus proche de nos concitoyens les plus vulnérables. Ils nous rappellent peut être nos privilèges, mais surtout beaucoup plus que des choses restent concrètement à faire pour inclure et non pas exclure.

Vale ( porte-toi bien),

Camillus

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